Malheureusement, même en ces temps modernes, le fléau des inégalités salariales continue de sévir, avec un écart de 24% noté en moyenne entre les salaires masculins et féminins dans le secteur privé. Ce chiffre, fourni par l’Insee, est une statistique assez sourde pour donner à réfléchir.
En cette fine journée consacrée aux droits des femmes, franceinfo déchire le voile sur le mal persistant des inégalités salariales entre les hommes et les femmes. “Il n’y a pas si longtemps, une expérience qui n’aurait plus lieu d’être dans notre époque, je venais de décrocher mon diplôme, j’ai postulé pour une position de cheffe de produit internationale, j’étais en finale, mais le poste ne m’a pas été accordé, j’ai cherché à comprendre, on m’a répondu : ‘c’est parce que vous êtes une femme’“, partage avec nous Corinne Hardy, maitresse des opérations chez Sanofi dans la valse de l’industrie pharmaceutique, relatant son expérience personnelle des inégalités homme / femme.
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Sous le feu des projecteurs, une vérité indéniable: les femmes perçoivent continuellement des salaires moindres que leurs homologues masculins. Au regard des chiffres récents de l’Insee de 2021, l’écart salarial est de 24% en moins en moyenne dans le secteur privé. Et si l’on se met à examiner de plus près, même poste pour même poste, même profession, même patron, l’écart persiste encore de 4%.
“Franchement, considérant qui je suis, mes compétences, si j’étais un gars, ma paye serait différente, sans l’ombre d’un doute. Et je parie les yeux fermés que c’est le même son de cloche pour mes collègues féminines.”
Corinne Hardy convaincue, à franceinfo
Du haut de ses 60 ans, Corinne Hardy connaît son sujet sur le bout des doigts : elle a mis sur pied l’alliance pour la mixité en entreprise qui fédère les grandes firmes françaises autour de cette question d’égalité. “Faisons le décompte des femmes qui, dans les 120 plus grandes firmes françaises, occupent des postes opérationnels, des responsabilités de filiale, de production, des produits, elles ne sont que le petit 3%. L’écart salarial n’est qu’une facette de ce problème qui est bien plus large, et oriente davantage vers un problème de gouvernance“, soutient-elle vivement.
L’accès aux postes les mieux rémunérés est une question-clé
Et cette question se pose dans tous les secteurs, notamment dans le métier d’avocat. Là aussi, les obstacles pour les femmes sont nombreux avec souvent pas mal de préjugés. “Elle est enceinte, elle va moins s’investir…”, voilà le genre de phrases qu’Olivia Heilpern, avocate à Lyon, a pu entendre à propos de jeunes consœurs. L’arrivée des enfants peut freiner les carrières, et, en particulier, lorsque les postes d’associés sont en jeu, note-t-elle. C’est le cas “notamment au sein de gros cabinets, assure Olivia Heilpern. Très souvent, on va avoir beaucoup plus de collaboratrices que de collaborateurs. En revanche, quand on va arriver aux postes d’associés, la tendance va s’inverser, parfois 80% d’hommes et 20% de femmes, alors qu’on va avoir l’inverse au stade des collaborateurs : 80% de femmes et 20% d’hommes“, dénonce-t-elle.
“Peut-être que ça se manifeste à des périodes de vie, entre 30 et 35 ans, ça va être l’âge où on va avoir les enfants en bas âge, peut-être que ça s’explique par ce biais. Finalement, une fois que les enfants ont grandi la femme va rester au stade de collaboratrice“, regrette l’avocate lyonnaise. Pour avancer et répondre à ces aspirations, Olivia Heilpern a fini par monter son propre cabinet, avec une avocate trentenaire comme elle. Aux manettes de leur structure, elles sont sorties de cette logique de promotion ou plutôt de non-promotion.
Il y a un autre biais qui défavorise les femmes : le temps partiel. En 2020, elles étaient trois fois plus souvent à temps partiel que les hommes et qui dit temps partiel dit carrière bloquée, d’après le témoignage, qu’elle a souhaité anonyme, de cette femme salariée dans le secteur bancaire. “Ça limite l’évolution de carrière, c’est certain surtout que c’est un temps partiel qui est imposé aux femmes“, commente notre témoin. “Moi, j’ai la chance d’avoir un temps partiel choisi, mais on ne peut pas se dire qu’on va avoir une évolution de carrière qui peut correspondre à nos envies et à nos compétences également“, poursuit-elle.
“On vous dit qu’il faut être à temps plein pour accéder à ces postes-là, ce que je peux comprendre par rapport à la réponse qu’on peut apporter à la clientèle, mais il suffirait d’une organisation de postes à mi-temps qui se complète, on pourrait répondre à la situation“, avance-t-elle. Cette salariée dans le secteur bancaire, reconnaît toutefois, avoir eu droit à deux rattrapages au cours de sa carrière au titre des écarts de rémunération hommes – femmes. Il y a de l’évolution, avoue-t-elle.
Maman oui, salaire en berne non!
Ah, qui a dit que la vie était juste fichtrement simple pour les femmes? Pas si vite, tenez-vous le pour dit! L’Insee, ce bon vieux gendarme de la statistique, nous balance quelques chiffres qui font tourner la tête. Les revenus des dames restent en moyenne inférieurs de 24% à ceux de ces messieurs. C’est pas peu dire et, accrochez-vous, c’est même 4% de moins à poste égal.
Et il ne suffit pas simplement d’enfiler ses talons hauts et de taper du poing sur la table pour changer la donne. Eh non! Les choses se corsent encore un peu après une grossesse. Voilà qui donne à réfléchir… Pour démontrer ce fait, c’est à Isabelle Chaduc que l’on rend la parole. Élue au CSE, c’est en prenant l’exemple du Crédit Agricole Centre-Est qu’elle nous donne la mesure de cet injuste constat.
Isabelle éclaire notre lanterne: “Les promotions sont une véritable partie de chasse où les femmes sont souvent les perdantes. Quand elles reviennent de leur congé maternité, elles ont parfois la malchance de se faire prendre à contre-pied lors de l’évaluation. Elles entendent alors qu’elles ne sont pas à la hauteur parce qu’elles n’ont pas pu se remettre à niveau“, nous raconte-t-elle, l’air sombre. Elle insiste encore : “C’est un point à améliorer, c’est sûr et certain. Même parmi les deux classes supérieures, l’écart de salaire se monte à 4% en faveur des messieurs. Nous avons comblé certaines lacunes, c’est indéniable, mais l’écart subsiste“, fulmine-t-elle.
Faites chauffer la cafetière, on ajoute une couche. Selon un DRH qui a préféré rester anonyme, les femmes auraient elles-mêmes une part de responsabilité dans cette scandaleuse situation. À croire ce dernier, elles auraient tendance à se sous-évaluer dès l’embauche, négociant moins bien leur premier salaire. C’est un autre élément, parmi d’autres, qui vient jeter de l’huile sur le feu des inégalités salariales persistantes.
Ça fait vraiment mal au cœur de constater que ce vieux démon de l’injustice salariale sévit encore en 2022, hein? Néanmoins, n’oublions jamais ceci: ensemble, nous avons le pouvoir de changer les choses. Et ce pouvoir, il repose dans nos mains et nos voix. Alors, haut les cœurs et vive l’égalité!